Comment allons-nous ? Comment irons-nous dans ce monde et l’Eglise bouleversée, bouleversante ? Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a des catastrophes naturelles, des actes de violence, des guerres. L’Ecriture Sainte nous propose de méditer sur ces phénomènes de violence et de mort, symboles de la fragilité de notre monde : « des jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit ».
En plus de l’incertitude et de l’insécurité, le temps nous échappe comme le sable dans une main qui se ferme. Nous avons peur du temps qui fuit !
Lorsque Luc écrit son évangile, autour des années 85, c’est un temps de terribles bouleversements. Les chrétiens ont subi la première grande persécution, celle de Néron. En 70, Titus a détruit la ville de Jérusalem et rasé le Temple. C’est la fin de l’État d’Israël.
Devant ces scénarios de peur et de terreur, les gens ont tendance à se jeter dans les bras de n'importe quel « sauveur » de pacotille. « Vous allez voir, j'ai la solution à tous vos problèmes ! » Vous n’y croyez pas, n’est-ce pas ?
Le fameux professeur de théologie, Karl Barth, disait que bon nombre de chrétiens ont fait du jour de la mort un jour de frayeur et de condamnation. Il faut nous rappeler le « Dies irae », «Jour de colère», que l’on chantait aux funérailles de nos grands parents! Par contre, dans le Nouveau Testament, les chrétiens attendaient ce jour du Seigneur avec joie et sérénité.
« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie », nous dit Jésus, persévérance dans la foi, dans l’espérance, dans la fidélité au Christ. Nous arriverons alors au « Jour du Seigneur » avec joie et confiance.
Savoir demeurer fidèle à la parole de Dieu à travers les jours qui passent, porter le poids du temps présent malgré les souffrances et la maladie, continuer à vivre au jour le jour sans perdre la confiance dans le futur de Dieu, voilà le programme que nous propose le Christ.
Si le Seigneur nous parle de la fin du monde aujourd’hui c’est pour nous rassurer et pour replacer le temps qui nous est donné dans sa juste perspective. Ce temps est un cadeau de Dieu que nous devons utiliser le mieux possible.
L’évangile d’aujourd’hui n’est pas un texte sur la fin des temps, mais bien une parole d’espérance qui nous invite à construire un monde de justice, de paix, de fraternité et d’amour maintenant. S. Pierre disait aux premiers chrétiens : «Soyez toujours prêts à rendre compte, à tous ceux qui vous le demandent, de la l’espérance qui est en vous» (1 Pierre 3, 15)
Nous n’allons pas à l’église parce que nous avons peur de ce qui se passe autour de nous, parce que nous sommes découragés, déçus, frustrés, mais parce que nous voulons recevoir la force de travailler à la construction d’un monde nouveau, d’un monde meilleur, d’un monde plus humain.
« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »
Enfin une petite histoire que j’ai peut-être déjà racontée…
Une jeune femme mourante fait un jour venir M le curé pour préparer sa mort et lui dire ses dernières volontés : Il y a une
autre chose" , dit-elle, tout excitée. "Ceci est très important, je veux être enterrée avec une fourchette dans ma main droite."
- "Cela vous surprend, n'est-ce-pas ?" demanda la jeune femme.
- "Enfin, pour être honnête, je suis perplexe devant votre requête" dit le prêtre.
La jeune femme expliqua :
- "Dans toutes mes années de participation aux dîners, je me souviens toujours qu'inévitablement quelqu'un se penchait pour me dire : "Gardez votre fourchette". C'était ma partie préférée, car je
savais que quelque chose de mieux s'en venait.... comme du gâteau mousse au chocolat ou une tarte aux pommes. Quelque chose de merveilleux et de bon…
Je veux juste que, lorsque les gens me verront dans mon cercueil avec une fourchette dans ma main, ils se demandent : - "Pourquoi cette fourchette ?" et ainsi vous pourrez leur dire : - "Gardez votre fourchette... le meilleur est à venir ! ".
Les yeux du prêtre se remplirent de larmes de joie, et alors il prit la jeune femme dans ses bras pour lui dire au revoir. Il savait aussi que ce serait une des dernières fois qu'il la voyait avant sa mort. Mais il savait également que cette jeune femme avait une meilleure idée du paradis que toutes les personnes qui avaient près du double de son âge, avec le double d'expérience et de connaissances.